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C'est peut-être un burnout: partage d'une expérience personnelle

Posted on:8 juin 2023

DISCLAIMER: Je ne me suis pas fait diagnostiqué un burnout par un spécialiste. C’est un terme qui, dans ce que j’ai compris, décrit le mieux l’expérience que je m’apprête à vous partager.

homme en burnout

RE-DISCLAIMER: même si ce que je partage ici est étroitement lié à ma vie professionnelle, je tiens à préciser que c’est surtout dû à de mauvaises habitudes personnelles.
Cet article n’est donc pas un reproche envers mon employeur ou mes collaborateurs qui sont d’ailleurs très compréhensifs, d’un grand soutien et avec qui j’adore travailler.

Sur ce, je vous salue, vous souhaite la bienvenue et bonne lecture !

Un peu de contexte

via Gfycat

On traverse tous des périodes plus ou moins compliquées dans nos vies.

Des hauts et des bas que nous vivons, tous les hauts n’ont pas la même saveur. Toutes les épreuves ne sont pas pareilles non plus.
Ces épreuves et moments de grâce sont vécus différemment selon les personnes.

Jusque là, je ne vous apprends rien de nouveau.

Je suis développeur d’applications et récemment, j’ai traversé l’une des saisons les plus tumultueuses de ma vie professionnelle (et par la même occasion, personnelle). Au moment où j’écris ces mots, j’y suis toujours d’ailleurs.

Avec du recul, j’ai maintenant quelques hypothèses de comment est-ce que j’ai pu en arriver là.
Je pense qu’il s’agit d’une convergence de plusieurs facteurs accumulés sur la durée.
Dans cet article, je vais essayer d’examiner quelques-uns de ces facteurs.

Charge mentale

Pour cette section, j’ai hésité entre “charge de travail” et “charge mentale”.
J’ai finalement fait ce choix parce que même si le travail y est pour beaucoup, il ne s’agit pas que de travail.

Je suis donc développeur d’application depuis quelques années maintenant. Dans mon équipe actuelle, mes responsabilités sont essentiellement liées au développement frontend, à du design UI/UX et à de la gestion de projet. Oui, ça peut sembler beaucoup à la fois pour une seule personne. Et… en vérité, ça l’est ! J’avoue. Mais, globalement, j’aime beaucoup ce que je fais et c’est avec plaisir que je navigue entre ces différentes responsabilités afin d’aider mon équipe à atteindre ses objectifs.

Au fil du temps, les projets se sont accumulés. Sur certains projets j’endosse une seule responsabilité alors que sur d’autres il m’arrive de contribuer, avec plaisir d’ailleurs, aux trois fonctions.

Je me souviens encore des nuits blanches accumulées sur des projets qu’il fallait livrer dans “une semaine”, “un mois”, “au plus tard, le lundi prochain” etc.
J’ai enchaîné pas mal de projets de ce genre. Avec du recul, je pense même que c’était devenu la norme.
On finissait quasiment toujours les projets avec de plus en plus d’intensité dans le travail.
Je sacrifiais ainsi des nuits de sommeil et des week-ends de repos que j’étais certain de pouvoir “rattraper plus tard”.
Je me disais à maintes reprises qu’une fois tel ou tel projet livré je prendrais enfin quelques jours de congés. Je savais que j’en avais besoin. Je n’ai pourtant jamais pris de congés.
Il y avait toujours un nouveau projet ou une excuse qui pointait le nez.

En plus de ces charges liées à mes responsabilités au travail, il est aussi important de relever la pression et le stress liés à la formation continue. Dans un domaine qui évolue aussi vite que la tech, si en plus on s’intéresse à différents aspects de ce domaine (développement frontend, design, gestion de projet), il est facile de s’y perdre.
On ne se sent jamais assez à jour. On a toujours quelque chose à apprendre. Ou, en tout cas, on en a le sentiment. Un sentiment qui ne nous quitte pas.

Il faut donc arriver à s’organiser afin de donner de la place à la formation entre les activités professionnelles et personnelles qui occupent nos journées. Il faut en plus la discipline pour et le courage pour continuer à se former malgré les deadlines qui font pression.

Tout cela accumulé sur le long terme ne fait pas un beau cocktail.

Environnement de travail

J’ai déjà expérimenté le travail sur site à temps plein et le télétravail à temps partiel dans le passé. Depuis deux années maintenant, je fais du télétravail à temps plein (et depuis la maison).

J’ai d’abord commencé avec le travail sur site et dois dire que, de façon générale, je n’ai pas grand chose contre le fait d’aller travailler au bureau. Les inconvénients pour moi étaient surtout liés au fait de devoir se lever toujours à une certaine heure et d’affronter les mêmes embouteillages, le soleil et la poussière ou la pluie et la boue selon les saisons.
Et même si, pour ce qui est des heures fixes, j’ai jusqu’à maintenant eu des employeurs et collaborateurs qui se montrent très ouverts sur la question, les autres points restaient quand même gênants et je voyais dans le télétravail un moyen de les éviter.

J’ai donc fini par opter pour le télétravail à temps plein. En plus des inconvénients liés aux travail sur site que j’ai pu éviter, le télétravail m’a offert de la flexibilité.
En effet, je pouvais convertir le temps passé sur la route, par exemple, en temps de sommeil, sans crainte d’arriver en retard pour la réunion du matin. Et pour quelqu’un qui a du mal à dormir tôt, c’était un grand plus.

Maissssssss… Et j’ai dû le vivre pour le savoir, travailler depuis la maison ne vient pas qu’avec des avantages.
Surtout quand on a pas une maison adaptée au télétravail (avec une pièce dédiée au travail, par exemple).

Je gère plutôt bien la solitude. Je m’y sens bien. Mais je pense que travailler depuis la maison (dans sa chambre de surcroît) peut créer une certaine forme de solitude dangereuse (surtout sur la durée).
Même si je ne suis pas en quête constante de contact humain (j’ai même tendance à les réduire), je pense qu’il en faut souvent à chacun de nous pour notre bien-être. Ne dit-on pas que le poison c’est la dose ? L’isolement prolongé n’est pas bon pour notre santé.

En outre, déjà que ce métier encourage la sédentarité, travailler depuis sa chambre ne fait qu’augmenter dangereusement cette mauvaise habitude.
Je me suis donc encore plus isolé, j’ai eu de moins en moins de contacte avec le soleil.

Aussi, travailler depuis sa chambre n’est certainement pas une bonne idée quand on veut une vie équilibrée. Les barrières entre vie personnelle et vie professionnelle se brouillent jusqu’à devenir inexistantes.

Encore une fois, sur le long terme, les conséquences ne sont pas enviables.

Manque d’équilibre

Justement, parlons d’équilibre. De son manque en l’occurrence.

Comme déjà introduit dans la précédente partie, le manque d’équilibre dont je fais référence ici se manifeste sur deux plans essentiels de ma vie:

Depuis des années maintenant, je suis plus de nuit que de jour. Je ne suis pas sûr d’avoir été toujours ainsi. Je pense que j’ai commencé à développer cette habitude à partir du lycée (surtout en classe de Terminale) mais je pourrais me tromper.
Le fait est que, même si j’aimerais bien être un lève tôt, actif avec de l’énergie durant la journée et me reposant la nuit, je n’y arrive pas. Ou alors, je n’y arrive plus. Depuis bien trop longtemps maintenant !

Encore à propos du sommeil en particulier et du repos en général, on est beaucoup plus tenté d’essayer “d’en finir avec cette tâche” en sacrifiant le temps de pause ou de sommeil.
D’après tout, on n’aura pas à attendre un taxi ni d’affronter d’éventuels embouteillages pour rentrer à la maison. Le lit est juste à quelques pas de là !
Et voilà comment naissent progressivement des mauvaises habitudes menant à une mauvaise hygiène de vie.

PS: J’écris cette note quelques semaines après pour faire une mise à jour à ce chapitre. Je pense être toujours capable de dormir la nuit et être actif (avec beaucoup plus d’énergie qu’avant) durant la journée. C’est juste une habitude que je dois réapprendre.
J’ai déjà réussi à le faire pendant quelques jours maintenant et mon objectif est de continuer sur cette lancée 🤞.

A ces trois points principaux (charge mentale, environnement de travail, manque d’équiliblre) se sont ajoutés des difficultés dans ma vie personnelle que je ne peux pas évoquer dans cet article.

Symptômes et conséquences immédiates

De façon générale, j’aime mon travail. C’est avec plaisir que je le fais. C’était donc bouleversant, avant de “comprendre” ce qui m’arrive, de me rendre compte que:

Les symptômes se sont présentés et intensifiés de façon progressive. Au début, on ressent de la fatigue qu’on croit passagère. Et puis, avec le temps, on n’a presque plus envie de rien.

Quand on passe des jours dans un tel état et que les jours se transforment en semaines, on finit par désespérer.
Souvent, avec un soubresaut de motivation d’origine inconnue, on se dit qu’avec du temps tout ceci finira bien par passer, que demain on repartira sur de nouvelles bases.
Puis, demain est là et on se rend compte qu’on ne fait que sombrer encore et encore.
La fatigue se généralisant et s’intensifiant progressivement conduit à une absence totale de productivité. Manque de productivité qui engendre amertume et frustration.
Ces sentiments négatifs nous consumant, on ne récupère pas. On perd même de l’énergie.
C’est un cycle vicieux fait essentiellement de moments “déprimants” puis de quelques instants de regain d’espoir. Des moments d’espoir cependant très éphémères.
Durant ces moments furtifs, on tente le tout pour le tout. On essaie de s’en sortir mais le corps ne suit pas. Et c’est le retour de la “déprime”.

Des séquelles persistantes

Au moment où je rédige cet article, je ne me considère toujours pas comme m’étant entièrement extrait de cette situation.

Je n’ai toujours pas retrouvé mon niveau moyen de productivité. J’ai toujours le sentiment de devoir fournir beaucoup d’efforts pour faire le travail que je faisais pourtant avec plaisir dans le passé.

Je ne sais pas combien de temps il faudra pour m’extirper totalement de ce gouffre. Cependant, je me considère être sur la bonne voie pour y parvenir.

PS: J’ai commencé à écrire cet article depuis un moment maintenant. Au moment où je le publie, j’ai déjà parcouru un long chemin. Je peux dire que les choses s’améliorent même si des séquelles persistent.

Stratégies de guérison

Le Voyageur contemplant une mer de nuages (Der Wanderer über dem Nebelmeer) by Caspar David Friedrich - 1818 (pin LauChansArt)
Le Voyageur contemplant une mer de nuages (Der Wanderer über dem Nebelmeer) by Caspar David Friedrich - 1818 (pin LauChansArt)

Une fois qu’on s’est rendu compte de notre situation, on se demande naturellement comment faire pour s’en sortir. Vous conviendrez avec moi qu’il s’agit là d’une situation dans laquelle on ne souhaite PAS rester longtemps.

Pour ma part, et de façon générale, quand je me retrouve en si mauvaise posture, ce que je fais pour m’en sortir peut se résumer à:

Dans la situation actuelle, c’est naturellement donc que j’ai implémenté ces solutions. Et je continue toujours d’ailleurs.

Ce qui marche pour moi ne va pas forcément marcher pour tout le monde. Je considère la rédaction de cet article, par exemple, comme faisant partie de mon processus de “sortie de crise”.
Chacun devrait expérimenter ce qui marche le mieux pour lui.

Ce que je pense être efficace, c’est de s’éloigner au maximum de l’environnement et des habitudes qui nous ont mis dans cet état. Et ce, aussi longtemps qu’on peut se le permettre.
S’éloigner aussi bien physiquement que mentalement. Prendre des congés (idéalement) à durée indéterminée.

Conclusion

J’aimerais mettre un terme à cet article par de la sensibilisation et un appel à l’action.

Ce problème est certes personnel mais je suis quasi convaincu que je ne suis pas un cas isolé. Surtout dans le milieu de la tech. On a tendance à avoir des habitudes de travail malsaines qui nous pénalisent sur le long terme.

J’ai donc écrit cet article d’abord pour moi-même, mais aussi et surtout pour sensibiliser toute la communauté sur cette question.

Ensuite, j’aimerais partager quelques notes que je me suis faites à partir de cette expérience:

Je veux terminer en remerciant ma famille, mes collègues, mes amis, tous ceux et celles qui sont là durant les bons et les moins bons moments.

A toutes les personnes qui auront lu jusqu’ici, j’espère que vous en tirerez quelque chose d’utile.

Confucius aurait dit ceci:

L’Homme sage apprend de ses erreurs, l’Homme plus sage apprend des erreurs des autres.

Bref, si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez en parler en privé, mes boîtes de réception vous sont ouvertes.

Merci et prenez soin de vous.